Du bon (désab-us)age de Facebook
Facebook est un outil formidable.
Oui, je le dis et par ailleurs, je le pense.
Roi suprême et auto-proclamé du réseau social, Facebook est LE site ou tout le monde se doit d'avoir un profil. Rendez-vous compte qu'en septembre 2010, Facebook comptait rien qu'en France, près de 19 millions d'utilisateurs, soit un "taux de pénétration" comme on dirait dans le jargon statisticien, de 31%.
C'est simple, clair, net et précis : Facebook est L'Outil de référence pour qui cherche à se faire un "réseau" quel qu'il soit, mais aussi à savoir quoique se soit sur son prochain.
Que se soit un futur patron, un hypothétique prétendant, ou un inspecteur de la Sécu (et oui, les agents de la Sécu s'ouvrent aux nouvelles technologies pour flairer les éventuels fraudeurs d'arrêts maladies), si ces gens là donc (et d'autres !) veulent en savoir un minimum sur vous, ils ne manqueront pas de vous googueuliser... et si vous êtes l'heureux détenteur d'un compte Facebook, c'est avec une curiosité dévorante et un doigt fébrile au dessus de la souris que ces éventuels partenaires cliqueront sur votre profil...
Je ne vais pas vous mettre en garde contre l'étalage en grands renforts de photos personnelles et autres statuts agrémentés de "lol", "ptdr" ou d'écritures phonétiques de votre vie privée et tout le reste : j'imagine que votre bon sens inné vous avait déjà indiqué que les photos de retours de beuveries et autres joyeusetés, ça ne fait tout de même pas très sérieux quand on postule à un emploi de manager dans une société X ou Y, tout comme les statuts et autres commentaires laissés en langage SMS sur des photos ou vidéo au goût plus que douteux...
(Rappelez-vous le commantaire que vous avez laissé il y a un mois sur la vidéo du type qui chante "La Marseillaise" avec son anus... et demandez-vous pourquoi vous n'avez pas été pris à ce formidable poste de "chargé de relation client" dans cette banque de prestige... Ca y est, ça gigote un peu là-haut ?!)
Enfin, je palabre, je discute, je tourne en rond... et je m'éloigne grossièrment du sujet même qui me pousse à vous faire partager ma formidable logorrhée.
Etant moi-même détentrice d'un compte Facebook pour des usages de promotion professionnelle, je peux par l'intermédiaire de mon profil plus "privé", être aux premières loges pour profiter de ce que Facebook fait de mieux en terme d'étalage partage de la vie d'autrui.
Aurais-je un léger côté passablement névropathe à tendance paranoïde ?
Sans aucun doute... car en plus d'avoir "verrouillé" mon profil personnel à quiconque ne fait pas partie de ma petite liste d'amis pour d'évidentes raisons de sécurité et d'intimité, j'aurais vaguement tendance à attendre la même chose de mon prochain... mais c'est justement à ce niveau là que je me trompe sur toute la ligne.
Et c'est sur le redoutable "mur" de Facebook que j'ai pris conscience il y a bien longtemps de ce fait, "mur" qui retrace toutes les dernières actualités de vos "amis" via son "fil d'actualité".
Entendons-nous bien : je n'ai (dans l'absolu) pas de problème particulier concernant les activités des gens faisant partie de mes amis. Je me dois bien évidemment de les "assumer", même si Facebook a développé une petite fonctionnalité toute bête permettant à tout à chacun de s'accomoder de ses petites "lâchetés" et de ménager les suscpetiblités de chacun : c'est la possiblité de masquer les publications de ce fameux "fil d'actualité" de de vos contacts les moins désirables...
Disons que ce petit outil peut faire des merveilles, car il peut être une manière utile (?) d'arrondir les angles et laisser transparraître une certaine illusion de diplomatie, pour éviter le pétage de plomb devant votre ordi, sur la 367ème photo postée en moins de deux jours par une vague connaissance de petite section de maternelle, s'extasiant devant le dernier pot-pot de Kimberly ; Kimberly étant bien évidemment ce nourrisson tout frippé ressemblant vaguement à E.T et venue au monde par césarienne après 23 heures de travail acharné à la maternité de Trifoullis-les-Autels, ou la sage-femme en chef, en plus d'avoir de la moustache et un fort accent berrichon, est également la jumelle cachée de Linda De Sousa.
Et ça, vous ne pouvez pas ne pas le savoir, car grâce à votre "fil d'actualité", vous n'avez pas pu manquer une miette de ce joyeux évènement.
Mais la Maman de Kimberly fait partie de vos amis. Vous avez certes accepté avec quelques suspicions sa "demande d'ajout à sa liste d'amis", mais votre empathie naturelle, à ce moment là, a pris le pas sur votre discernement et ce, sans doute dû à cette photo de profil presque jolie d'un couché de soleil en bord de mer...
Vous avez alors appris que la Maman de Kimberly se nommait maintenant "Roberta Sanchez épouse Cusonnet", que son cher et tendre se prénommanait lui, "Simon" et qu'après de brillantes études au Lycée Robert Bousier et une fulgurante carrière de pom-pom girl pour l'équipe départementale de bascket de Tartaville, Roberta donc, en était à son quatrième congé parental et tout ça, à l'âge de 29 ans.
Oui, c'est aussi ça l'esprit Facebook : ça permet de se rasséréner d'une vie pas toujours brillante (la vôtre) en constatant l'étendue de celle à laquelle vous avez échappé (celle des autres).
Mais revenons à Roberta qui, du haut de sa toute prochaine et pimpante trentaine, aime à se distinguer comme la Maman de Kimberly, Kevin, Allan ou encore Brenda son aînée, qu'elle a eue à l'âge de 18 ans, ce qui bien évidemment, mit malheureusement fin à cette formidable perspective de carrière de pom-pom girl inter-départementale.
Roberta donc a du temps devant elle, car pensez-vous, au bout du quatrième enfant, elle se trouve tout de même rôdée et c'est avec une sérénité sommes-toutes énervante, qu'elle aborde ce nouveau congé parental (les deux premiers allant maintenant à l'école depuis belle lurette), elle n'a donc plus grand chose à faire de son temps hormis glander sur le net et mettre à jour son profil Facebook toutes les trois heures, pendant que vous, vous ramez au bureau et allez en douce de votre patron, consulter des sites qui n'ont bien évidemment rien à voir avec votre job.
Cela fait à peu près une semaine donc, que vous avez accepté la demande d'amitié de Roberta et vous connaissez maintenant aussi bien les grandes lignes que le moindre détail de sa vie (ex : les dernières chaussures qu'elle a shoppées sur un site de vente en ligne, avec photos à l'appui).
Mais Roberta a aussi un truc qui fait légion sur Facebook : elle a pas loin de 30 millions d'amis (heu... non en fait non, je me suis gouré... si Roberta avait été une oie ou un pincher nain, elle aurait pu avoir autant d'amis... En vrai, elle n'en a que 673 en fait. Ca change tout).
Et parmi les amis de Roberta, vous avez eu la joie, l'honneur et l'avantage, de découvrir toutes ses copines de chambrée de la maternité de Trifouillis-les-Autels qui, étant bien moins scrupuleuses que vous (ou surtout moi...) sur la confidentialité de leurs statuts, photos et autres publications, ont pu vous faire profiter des grands moments de leur vie, tous allègrement commentés par la prose SMSique prolifique de cette chère Roberta... moments de vie qui tombent donc évidemment tout cuit dans le fil d'actualité de votre Fesse-Croûte, étant donné qu'aucunes des amies de Roberta n'ont eu la moindre idée de confidentialser un minimum leurs données.
Et voilà, il est bien là le problème. Car pour en revenir à ma petite personne, les amis de mes amis ne sont pas toujours par définition mes amis, même si bien sûr, il n'est pas exclu que certains puissent le devenir un jour.
Vous comprendrez alors aisément que j'ai falli faire un AVC doublé d'une syncope, en découvrant cette semaine lors de ma visite quotidienne du "mur" de Facebook, une photo digne du musée de La Terreur et qui pourrait à elle seulle illustrer un dépliant sur la contraception, en montrant le ventre monstrueusement énormissime d'une amie d'amie, enceinte jusqu'aux yeux de quadruplés et sur le point d'accoucher :-s
Oui, ça peut en traumatiser plus d'un (moi la première, surtout que je souffre quand même de tokophobie au premier degré), mais ce n'est pas le sujet de cet article.
Pour revenir à mon sujet, j'estime juste tout simplement, que je n'ai pas à subir ce genre d'outrages et de désagréments sur un espace Internet qui a pour vocation d'être "privé".
Personnellement je n'enquiquine pas les amis de mes amis sur leurs murs respectifs avec mes phtos et mes statuts à la con, alors ce n'est pas pour que moi je me fasse emmerder et polluer mon espace par les histoires d'épisiotomie, de gonflements mamaires, ou de rates dilatées des autres. Nan mais !
Bouse, à la fin !