Guide anti-touristique pour les nuls
Chers Vous, Grand-tante Mauricette, mon gros orteil gauche, mes géraniums blancs, ChouchouNous,
Ca y est, la plupart des examens scolaires sont passés, Roland Garros n'est déjà plus qu'un lointain souvenir, les footeux vont (enfin !) nous foot la paix avec leurs jérémiades, les soldes d'été nous garantissant du bonheur au rabais sur des affiches criardes sont à nouveau de sortie et l'Europe a connu son 19ème "sommet de la dernière chance" pré-estival : pas de doute, la saison de la grande transhumance touristique est officiellement ouverte.
Pour vous qui, comme moi, vivez dans un lieu pris d'assaut par les envahisseurs touristes dès les premiers rayons de soleil printanier, vous aurez sans doute pu constater que la qualité du touriste lamda est en très nette baisse cette saison. Un peu comme l'euro finalement, la popularité du président de "La Normalie", ou encore, le niveau du Baccalauréat général, me direz-vous.
Rhaaa ! C'est plus c'que c'était, moi j'vous l'dit !!
Toujours est-il qu'on ne peut décemment pas se frotter aux hordes de visiteurs arrivant par bus entiers, flâner dans nos belles campagnes françaises, sans y être un minimum préparé. Pour cela, quelques notions de base peuvent suffire à se rendre la vie un peu plus douce et paisible. Ca serait quand-même bête de s'en priver.
Tous les ans, des milliers de gens qui se plaignent de vivre et travailler les uns sur les autres, partent passer leurs repos les uns avec les autres.
N'y voyez aucun penchant schizophréne pour autant.
- De chaque situation, profit tu tirera.
Il fait bon, il fait beau. Vous avez laissé malencontreusement la porte de votre maison ouverte (porte à côté de laquelle, un petit panneau marqué "privé" figure de manière pourtant visible) et au sortir des toilettes, à peine refroqué et votre grille de sudoku dans une main, vous surprenez un couple en train d'admirer la collection de chats en porcelaine héritée de Tatie Josiane, dans la vitrine de votre salon.
L'homme vous alpague et vous demande si vous pouvez, à lui et à sa rombière péroxydée, leur servir un café avec un verre d'eau.
Solution n°1 : Vous ne dîtes rien, allez dans la cuisine pour vous saisir du thermos encore rempli de café brûlant et revenez nonchalament dans le salon pour le verser sur le caféïnomane en question.
Avantage : Soulagement immédiat des nerfs.
Inconvénient : Il vous faudra néanmoins prévoir un grand nettoyage des éclaboussures laissées par vos frasques dans le salon.
Solution n°2 : Vous leur faites votre plus beau sourire et tout en les invitant à s'assoir, leur lancez négligeamment : "Ca fera 8 euros 50 !" Il y a fort à parier (à moins que vous n'ayez à faire à des gogos de base, mais là, ça serait con de se priver), que les accolytes se relèvent directement et filent munimilitari, vous laissant comme deux ronds de flanc, avec vos chats, votre sudoku et les crachotements sonores de la chasse d'eau.
Avantage : Si vos visiteurs sont vraiment stupides, vous aurez gagné votre après-midi et peut-être même plus, en leur refourgant de l'immonde clafoutis concocté par votre voisine, facturé bien sûr, à prix d'or.
Inconvénient : Aucun (sauf s'ils vous demandent de leur faire la conversation).
Remarque : Fonctionne aussi pour les prises de photos souvenirs devant la jolie façade de votre maison, fraîchement décorée de bégonias et autres figurines en terre-cuite.
Evidemment, si c'était George qui débarquait dans mon salon avec ses dosettes multicolores, je reconsidérerais mes positions.
- A faire tourner le clampin en bourrique, tu t'amusera.
Le soleil et la chaleur sont enfin là ; vous "profitez du dehors" en sirotant un coktail sur votre terrasse, à moitié vautré dans votre tout nouveau salon de jardin "Inmsglûckstardt", acheté en solde chez un marchand de meubles venu du froid. Les oiseaux chantent, les moustiques vous font votre fête bref, tout va bien, jusqu'à ce qu'une bourgeoise choucroutée (probable croisement entre une grenouille et un camionneur en tutu) passe la tête au dessus de la rembarde de votre havre de paix pour vous hurler dessus le plus élégament du monde :
"Les toilettes, c'est ou ?"
Solution n°1 : Tout de go, vous lui répondez : "Au fond à gauche". (Marche aussi très bien avec le non moins célèbre "Dans ton Q") En toute logique, la bourgeoise offusquée lâche alors un "Oh !!" de stupéfaction et se barre dans la seconde qui suit en se drapant du peu de dignité et de respect (surtout pour autrui) lui restant.
Avantage : Simple, rapide, concret et généralement efficace.
Inconvénient : Aucun (A moins qu'en sus de son impolitesse congénitale, la matrone souffre également de surdité).
Si alors, elle vous demande "Pardon ?", ne manquez surtout pas de la féliciter pour ce brillant accès de courtoisie primaire et au choix, de l'envoyer vers les lieux d'aisance les plus proches ou, si vous avez l'esprit quelque peu retors, de mettre en pratique la solution suivante.
Solution n°2 : Vous vous flanquez de votre plus beau sourire et le plus aimablement possible, lui expliquez avec maints détails, comment se rendre chez Robert, votre voisin thanatopracteur, celui-là même qui a la particularité d'être aussi avenant qu'un pitbull qu'on aurait privé de pâtée pendant 3 jours. (Fonctionne également avec un trajet l'amenant à l'église pendant la messe, au cimetière, ou encore chez le boucher-charcutier.)
Avantage : Une grande jubilation intérieure, doublée d'une petite (mais néanmoins belle) satisfaction intellectuelle.
Inconvénient : Aucun (à ma connaissance).
Avec les remerciements de la Dame-Pipi.
- Ta créativité, tu exercera.
C'est le drame. Vous avez fouillé fébrilement tous les placards de la maison en quête du Saint Graal, mais le verdict est sans appel : il n'y a plus une Fraise TaGaDa, ni même un simple Granola dans la maison. Ni une ni deux, pour pallier à ce manque de sucre qui vous fait déjà ressentir les premiers symptômes d'hypoglycémie, vous vous saisissez des clés de votre auto, prêt à débouler telle une furie de Chienne de Garde devant une pub pour de la crème fouettée, au supermarché le plus proche.
Mais là, la situation se transforme en cauchemard : un 4x4 de bobo flambant neuf (et accessoirement immatriculé en région parisienne) vous empêche purement et simplement de dégager votre modeste carosse de son emplacement.
Solution n°1 : Pris d'un accès de rage, vous retournez dans votre maison pour en ressortir muni d'un couteau de boucher, afin de tailliadez les pneux du véhicule en délit.
Avantage : Action indéniablement bénéfique pour les nerfs.
Inconvénient : Beaucoup. Le fameux 4x4 risquant d'être immobilisé bien plus longtemps que nécessaire, vous ne pourrez toujours pas vous achalander en Granolas et autres Fraises TaGaDa. De plus, si un témoin vous a vu en pleine action, vous risquez même de sérieux emmerdements avec le propriétaire du-dit véhicule et plus largement, avec les autorités.
Solution n°2 : La solution dîte de "l'Etalage". Que vous disposiez de mousse-à-raser, de crème chantilly en bombe, d'huile de vidange usagée, ou encore de 3 stères de dentifrice blanchissant (notez bien de faire quelques réserves en début de saison) vous êtes paré pour cette technique qui consiste, comme son nom l'indique, à étaler généreusement sur le 4x4 incriminé, toute substance hygiénique ou alimentaire (l'huile de vidange faisant référence à l'hygiène intime de votre auto).
Avantage : Outre le fait de donner une bonne leçon au conducteur bobo qui lui permettra également de faire un peu moins le malin quand il arrivera à la station de lavage, l'étalage peut se révéler une activité ludique, propice à la méditation, mais aussi à la création. Jeux de matières, de volumes, de texture, l'étalage pourra révéler le grand artiste qui sommeille en vous !
Inconvénient : D'éventuels frais de pressing à prévoir pour votre tenue et la possibilité de vous faire prendre "la main dans le sac" par le propriétaire du véhicule (comme dans la solution n°1 finalement). Mais ici vous pourrez répondre à ces insultes de manières plus soft, la projection de crème chantilly étant reconnue bien moins dangeureuse que le maniement du couteau.
Toi aussi, joues à partir en vacances et à emmerder les autochtones avec la nouvelle voiture et son coffre de toit de PlayImobyl !
Bon et bien ça y est : vous voilà dorénavant parés pour faire face aux agaceurs de l'été les plus inconvenants et déjouer ainsi leurs pièges les plus vils !
Ne me remerciez pas, ce fût un plaisir.
Pour ceux qui partent : Bonnes vacances et promettez-moi d'être gentils avec les autochtones.
Pour ceux qui restent : Courage, Force et Robustesse !
Paix, Amour et Fraises TaGaDa sur vous.